Borne 04

Le plateau à l’heure du climatisme

Dans les années trente, Saint-Hilaire du Touvet est devenue une station climatique dans laquelle séjournent en permanence un millier de malades.
Depuis le 19e siècle, la tuberculose pulmonaire est en effet un fléau qui frappe toutes les générations. Le bacille responsable de la maladie, très contagieuse, a été identifié en 1882 par Robert Kock. Il faudra attendre 1945 pour disposer du premier antibiotique antituberculeux. Avant cette date, les malades devaient s’isoler et faire confiance aux vertus thérapeutiques de la cure en altitude.

Les premiers à choisir le site de Saint-Hilaire pour construire un sanatorium sont les membres du Comité des Forges, un groupement de responsables des industries sidérurgiques françaises. Au pied de la dent de Crolles, à l’abri des vents dominants, tout est réuni = altitude, air pur et ensoleillement. Ajoutez à cela une bonne hygiène et une bonne alimentation : les malades bénéficient de tous les ingrédients d’une cure efficace.
En 1929, le sanatorium populaire des ouvriers de l’industrie métallurgique et minière accueille ses premiers malades ; c’est le tour 4 ans plus tard du sanatorium populaire du Rhône puis de celui des étudiants de France.

Pour tous les malades, la règle est la même : il est obligatoire de s’étendre sur une chaise longue en plein air pendant de longues heures, et ce, par tous les temps !
Les étudiants ont eux le privilège de pouvoir continuer leurs études ici sur place, dans leur établissement vite baptisé l’Université des neiges. En effet, non seulement ils poursuivent leur enseignement mais de nombreuses activités leur sont proposées au sein d’ateliers de théâtre, de peinture, de musique, de journalisme…
L’établissement, de belle facture architecturale, comprend une bibliothèque, une discothèque et même une salle de spectacle où de nombreux invités viendront rompre l’isolement forcé de la jeunesse. Un nombre impressionnant d’intellectuels du monde des Arts et des Lettres ainsi que d’artistes de variété feront le voyage et signeront le Livre d’Or de l’Université des neiges.

Une fois la maladie vaincue, les établissements continuèrent de prodiguer leurs soins aux convalescents dans des centres de rééducation spécialisés. Ils furent définitivement désertés au tournant du XXIe siècle.

The plateau in the age of “climatism”

In the 1930s, Saint-Hilaire du Touvet became a health resort, with a thousand patients in residence at any time.
Since the 19th century, pulmonary tuberculosis has been a plague that strikes all generations. The bacillus that causes this highly infectious disease was identified by Robert Kock in 1882. But it was not until 1945 that the first anti-tuberculosis antibiotic became available. Before that, patients had to isolate themselves and trust in the therapeutic virtues of high-altitude treatment.

The first to choose the Saint-Hilaire site to build a sanatorium were the members of the Comité des Forges, a French steel industry managers’ organization. At the foot of the Dent de Crolles, sheltered from the prevailing winds, the site had all the ingredients required: altitude, clean air and sunshine. With good hygiene and good diet added, patients could benefit from all the makings of effective treatment.
In 1929, the metallurgy and mining industry workers’ sanatorium took in its first patients. Four years later, it was the Rhône people’s sanatorium’s turn, followed by another one opened by the Students of France.

The rule was the same for all patients: they had to lounge outside on deck chairs for long hours, and in all weather!
The students had the privilege of being able to continue their studies in their facility, which was quickly christened l’Université des neiges [University in the Snow]. Not only could they continue their education, but many activities were offered as well, workshops on theatre, painting, music, journalism and so on.

The establishment, a fine example of architecture, includes a library, an auditorium and even a theatre where numerous guests came to relieve the young people’s imposed isolation. An impressive number of intellectuals from the world of the Arts and Humanities as well as variety artists made the trip there and signed the Guestbook of the University in the Snow.
Once the disease was overcome, the facilities continued to provide care to convalescents in specialised rehabilitation centres. They were deserted for good at the turn of the 21st century.